Je vais tenter de vous expliquer dans cet article comment réaliser des voitures SNCF d’omnibus à deux essieux type B5 1/2t(ai) en françisant des voitures DR d’origine sarroise proposées par Minitrix.
Je ne vais pas revenir dans ce sujet sur l’historique de ces voitures SNCF, ni sur leurs différentes tranches d’immatriculation, vous pourrez trouver ces informations dans le sujet présentant les planches de décalcomanies proposées par TJ-Modeles.
La transformation de ces voitures comporte plusieurs étapes distinctes. Chacun est libre de se limiter à certaines étapes suivant leur difficulté. Il vaut en effet mieux ne pas réaliser toutes les étapes que risquer de rater la transformation…
Le classement de ces différentes étapes suivant leur niveau de difficulté, d’après mon propre ressenti, est le suivant (du plus simple au plus compliqué) :
– suppression des aérateurs de toiture,
– modification des marchepieds,
– modification des dossiers des voitures,
– reproduction de la toiture en toile bituminée.
Dans la suite de cet article, ce classement par difficulté n’est pas respecté, préférant vous présenter dans un premier temps les étapes de modification du châssis, puis les étapes de modification de la caisse.
Avant de commencer à modifier vos voitures, il est bien entendu nécessaire de les démonter intégralement. Les étapes de démontage présentées ci-après concernent les modèles équipés de dispositifs d’attelage à élongation.
La caisse des voitures Minitrix est fixée sur le châssis par 4 ergots que vous trouverez dépassants aux 4 coins du châssis en regardant le dessous de votre voiture. Il vous faudra pour désolidariser la caisse du châssis repousser légèrement ces ergots vers l’opposé des traverses de tamponnement. Attention, ces ergots sont solidaires de l’insert représentant les vitrages donc en plastique transparent assez cassant, ils sont également très « ajustés » donc difficiles à faire passer dans les trous présents dans le châssis.
Une fois la caisse désolidarisée du châssis, vous pourrez en extraire l’insert en plastique transparent représentant les vitrages. Il vous faudra pour cela pousser les vitres vers l’intérieur de la caisse tout en tirant l’insert pour l’extraire de la caisse. Cette opération est assez difficile du fait de la forme cintrée de la caisse.
Vous pourrez alors procéder au démontage du châssis en faisant bien attention aux ressorts d’attelage à élongation. Pour cela il suffit de désolidariser la plaque de fermeture du châssis fixée elle aussi par 4 ergots au châssis. Vous ferez bien attention à mettre de côté attelages à élongation, ressorts, et essieux (si vous ne souhaitez pas les changer par des essieux plus fins).
Il est également conseillé de décaper la caisse et le châssis avant de procéder à leurs modifications afin d’en supprimer les marquages. Cela pourra être fait par exemple en frottant les marquages au coton tige imbibé de décapant peinture AMF87 référence P5142.
Modification du châssis
Les modifications à apporter au châssis sont assez restreintes.
Sur la voiture de type AB21 (6 portières d’accès par face latérale), elles se limitent à raccourcir les marchepieds au niveau des traverses de tamponnement pour qu’ils ne dépassent plus que d’un millimètre par rapport aux supports de marchepieds extrêmes. Cette opération se fait très bien à la lime.
Sur les voitures de type Bd21 (4 portières d’accès par face latérale), en plus de ce raccourcissement des marchepieds aux extrémités des voitures il va falloir les modifier au centre des voitures. En effet la partie centrale des marchepieds a été supprimée par la SNCF.
Il faudra pour cela commencer par rajouter les supports de marchepieds manquants, se trouvant dans l’axe des portières d’accès « centrales ». Pour cela j’ai percé les marchepieds au forêt de 1 millimètre, en biais en respectant (à l’oeil) l’angle des supports déjà présents sur le châssis. Il faudra aussi veiller à être centré par rapport aux portières latérales, en se repérant par rapport au marches supérieures dépassant des longerons du châssis.
J’ai ensuite inséré un morceau de profilé plastique Evergreen de section carrée de 0.75mm de côté en cherchant à le positionner suivant l’angle des supports de marchepieds présents, et je l’ai collé sous le châssis et au marchepied à la Colle 21 avant de couper au scalpel le surplus de longueur une fois la colle bien sèche.
Ces supports supplémentaires sont visible car en plastique blanc sur la photo ci-après :
Il faudra ensuite supprimer la partie centrale des marchepieds à 3 mm des supports de marchepieds précédemment ajoutés. Pour cela on pourra commencer par les couper grossièrement à la pince coupante. J’ai coupé une première fois au centre entre les deux supports centraux, puis les deux supports centraux, puis à environ 5mm des nouveaux supports de marchepieds, et on finira des les raccourcir à la lime plate. Il faudra aussi bien veiller à supprimer complètement les supports centraux.
Les modifications du châssis sont maintenant finies, il est prêt à passer en peinture :
Egalement, ceux qui le souhaitent pourront sur certaines voitures remplacer les tampons par des tampons OCEM ronds (référence TJ-8521) comme cela a été fait par la SNCF sur certaines voitures.
Modification de la caisse
La modification de la caisse la plus simple, et la plus visible une fois les voitures voyageurs circulant sur un réseau, est la suppression des aérateurs de toiture. Cela se fait assez simplement en les coupant grossièrement au scalpel, en dégrossissant le « restant » à la lime, puis en finissant par un ponçage complet de la toiture au papier de verre afin d’obtenir une surface lisse et uniforme :
L’étape suivante, pour ceux qui souhaitent aller plus loin, est la modification complète des dossiers. En effet sur ces dossiers sont présents des marchepieds, rambardes, organes de commande des aérateurs de toiture, etc,… qui n’ont plus rien à faire sur une voiture SNCF. De plus il apparait à l’observation des photos des voitures SNCF réelles que les tôles des dossiers aient été changées (probablement lors de la suppression des organes pré-cités sur les voitures SNCF), et de fait les ligne de rivets des voitures Minitrix ne correspondent pas aux lignes de rivets de voitures SNCF.
Il faudra donc arraser et poncer complètement et soigneusement les différents organes présents sur les dossiers, mais Attention, en préservant le boitier du volant de frein et la représentation de l’arbre de commande des freins :
Il faudra ensuite reconstituer les lignes de rivets, on utilisera pour cela la référence TJ-8400.
On commencera par coller (à la Colle21 liquide) horizontalement une bande avec rangée double de rivets juste sous les rebords de toiture :
Puis on complètera avec deux morceaux de bande avec rangée simple de rivets placés verticalement au centre des dossiers :
Il conviendra une fois la colle bien sèche d’en poncer les excédents au papier de verre fin.
On pourra également ajouter sur les dossiers aux coins inférieurs (à sensiblement 3mm du bas du dossier et 2mm des faces latérales) des supports de lanterne. J’ai de mon côté récupéré des supports de lanternes sur des restes de vieux kits (voitures mixtes B4D et A4D re-métallisées Sud-Est), mais vous pourrez tout aussi bien en réaliser avec un morceau de profilé plastique (en attendant la références dédiées chez TJ-Modeles)
La dernière étape de modification des chaudrons de caisse avant mise en peinture sera pour ceux qui le souhaitent la reproduction de la toiture recouverte de toile goudronnée.
Le meilleur compromis que j’ai trouvé est de la réaliser à l’aide d’un mouchoir en papier (on préférera un mouchoir de couleur blanche car moins « traité »).
Il faudra commencer par le « décomposer ». En effet les mouchoirs en papier sont constitués de plusieurs couches (3 ou 4 en général) et on n’utilisera qu’une seule de ces couches de papier. Il faut donc commencer par séparer ces couches de papier les unes des autres.
On découpera alors (délicatement, c’est très fragile) aux ciseaux un morceau de papier légèrement plus grand que la toiture en veillant à éviter les poinçonnages des rebords du mouchoir.
La toiture du chaudron sera recouverte de colle blanche très légèrement diluée à l’eau puis le morceau de papier posé dessus et délicatement tendu afin d’en éliminer les plis :
Attention, plus il y a d’eau plus le papier mouchoir se déchirera facilement lors de la pose, par contre s’il n’y a pas assez d’eau il sera très difficile de tendre le morceau de papier, voir cela créera des vagues. Pour information j’ai de mon côté déposé une noisette de colle blanche dans un pot que j’ai diluée avec une seule goutte d’eau.
On veillera également à ce que le papier soit bien collé de partout, surtout le long des bords de la toiture, cela facilitera la suite… surtout la mise en peinture…
Une fois la colle bien sèche, ou découpera délicatement le surplus de papier dépassant du toit, et on pourra affiner les rebords au papier de verre de carrosserie, et il sera alors temps de passer à la mise en peinture :
Mise en peinture
La mise en peinture de vos modèles devra se faire de préférence à l’aérographe, et utilisant des peintures aux couleurs de la SNCF.
On trouve assez facilement ces peintures aux couleurs SNCF en regardant au bon endroit, par exemple chez AMF87, Ardennes modélisme (peinture ABE), Decapod, Interfer,… chacun choisira suivant ses propres aspirations.
On veillera de préférence à utiliser les apprêts et diluants de la marque de peinture choisie, bien que les produits de certains des fabricants précités soient parfaitement compatibles.
On commencera par apprêter châssis et chaudron de caisse, ce qui permettra de mettre en évidence d’éventuels défauts à reprendre. Il faudra impérativement à nouveau passer une couche d’apprêt si vous avez à retravailler certains points.
Une fois l’apprêt bien sec, on pourra passer à la mise en couleur des éléments. Le choix de couleur dépendra de l’époque considérée :
– avant 1962, les voitures voyageurs avaient leurs châssis peints en noir, les chaudron de caisse en vert SNCF 306, et les toitures également en noir.
– à partir de 1962 la SNCF a commencé à modifier le schéma de couleur du matériel voyageur, principalement sur le matériel neuf dans un premier temps, mais au gré des révisions ce nouveau schéma de couleur a également été appliqué sur le matériel plus ancien. Les châssis sont alors en gris SNCF 807, les chaudrons de caisse en vert SNCF 301, et les toitures bien souvent en noir (en particulier celles en toile goudronnée) sinon en vert SNCF 301 comme les chaudrons.
Il est toujours préférable de commencer par appliquer la teinte la plus claire pour aller vers la teinte la plus foncée. Dans notre cas par exemple, on commencera par peindre les chaudrons dans le vert choisi, avant de peindre les toitures en noir (après avoir masqué les faces latérales et dossiers de caisse avec du ruban adapté). Les châssis étant peints à part et étant peints d’une seule couleur c’est plus simple en ce qui les concerne.
Il est également nécessaire de peindre de la même teinte de vert que le chaudron les encadrements de baies de l’insert en plastique transparent:
Je les ai peints en vert à l’aide d’un pinceau fin, c’est assez délicat mais on y arrive, d’autant plus que sil ne fait absolument pas déborder à l’intérieur des vitres, on peut sans problème déborder à l’extérieur puisque ce sera caché par la plastique du chaudron. Il vaut mieux faire l’opération en plusieurs couches fines. (Désolé, j’ai pas retrouvée la photo après peinture des encadrements)
Il ne faudra par contre absolument pas vernir cette pièce sous peine de rendre opaque les vitrages.
Pose des Décalcomanies et Finitions
Une fois votre peinture bien sèche, on pourra passer à la pose des décalcomanies. Il est vivement conseillé pour cela d’utiliser les produits Microscale Micro Sol et Micro Set.
Les planches de décalcomanies proposées par TJ-Modeles sont recouvertes d’une fine couche de vernis épousant les formes des différents marquages. Les marquages sont en quelque sorte pré-découpés donc vous n’avez pas besoin de les détourer fastidieusement au cutter, un découpage large est suffisant.
Une fois votre marquage grossièrement découpé, vous devez le tremper afin de le décoller du papier support, pour cela deux méthodes sont possibles :
– soit le tremper dans un petit récipient contenant de l’eau tiède quelques secondes avant de le poser sur un support absorbant comme par exemple une éponge.
– soit le poser sur une éponge humide et patienter un petit peu plus longtemps, le temps que l’humidité ait traversé le papier support.
Une fois que votre motif bouge en le grattant légèrement avec la pointe d’un cure-dents, la pose peut s’effectuer.
Pour poser votre marquage, mouiller au préalable la surface de votre modèle avec un coup de pinceau trempé au Microscale Micro Set. Ce liquide facilite grandement la pause des décalcomanies. Vous pourrez ajuster la position de votre décalcomanie à l’aide de la pointe d’un cure-dents (éventuellement rajouter au pinceau un peu de Microscale Micro Set pour faciliter le glissement de votre marquage sur le support)
Une fois le marquage bien positionné, absorber délicatement le reste de Micro Set à l’aide d’un papier absorbant, en faisant particulièrement attention à ne pas déplacer le marquage.
Une fois le reste de liquide évaporé (quelques minutes), appliquer délicatement au pinceau le Micro Sol sur le marquage. Ce produit est un ramollissant et aura pour effet que le marquage épouse parfaitement la forme du support. Laisser sécher sans toucher le marquage, idéalement support à l’horizontale. Eventuellement passer au pinceau une seconde couche de Micro Sol si le plaquage du marquage vous semble imparfait.
Pour les positionnements des marquages, vous pouvez vous inspirer des différentes photos de ces voitures réelles disponibles dans la littérature, tout comme des photos des voitures que j’ai réalisées (photos que vous pourrez trouver en fin de cet article).
Je n’ai cependant pas réussi à trouver une « unité » sur les photos des voitures réelles concernant les positionnement des marquages sur le châssis.
Avant remontage des voitures, il sera impératif, afin de « fixer » définitivement les décalcomanies et en atténuer le brillant, de vernir le châssis et la caisse, en appliquant dans un premier temps une couche de vernis brillant, puis une couche de vernis mat.
Une fois le vernis bien sec, vous pourrez passer à la dernière étape qui est le remontage des wagons. Il suffit d’opérer exactement dans l’ordre inverse du démontage.
Il faudra néanmoins faire particulièrement attention lors du remontage de l’insert reproduisant les vitrages dans la caisse, en effet les encadrements de baies frottent contre l’intérieur de la caisse ce qui a tendance à abimer la peinture des encadrements de baies.
J’ai réussi à atténuer ce problème, en insérant entre la caisse et les vitrages des morceaux de carte plastique à peine plus épais que l’épaisseur des encadrements de baies, mais il ma néanmoins fallu faire quelques retouches sur les encadrements de baies après remontage des voitures.
Enfin, pour ceux qui souhaitent équiper leurs voitures de roues au profil plus fin que les roues aux normes NEM, les essieux RP25 Luck avec roues de 6.2mm de diamètre et axe de 15.1mm conviennent parfaitement.
Quelques photos des modèles réalisés par TJ-Modeles